Les gammes pour improviser

Sylvain du site Saxtunes.fr partage ses conseils pour se lancer dans l'improvisation.

Les gammes pour improviser au saxophone

Aujourd’hui j’invite Sylvain du site saxtunes.fr pour partager son expérience et quelques pistes pour se lancer dans l’improvisation au saxophone, et certainement apporter la motivation nécessaire !

Publié le 27/11/2024

Vous êtes saxophoniste, et vous avez envie de vous lancer dans l’improvisation ?

Eh bien déjà, FÉLICITATIONS !! En effet, s’exprimer musicalement en toute liberté (ou presque) est souvent le Graal de tout musicien, notamment saxophoniste, et encore plus pour celles et ceux qui s’intéressent au jazz, au blues, au funk, à l'électro etc…

Maintenant, ne nous voilons pas la face… L’improvisation est un exercice compliqué nécessitant des compétences bien particulières.

Après tout dépend de ce que vous voulez avoir comme rendu… Sortir un solo digne de Michael Brecker, Bob Berg ou Chris Potter n’est pas donné à tout le monde… Et la majorité des saxophonistes n’en sera jamais capable… et je me mets dans ce lot. Il faut dire que ces musiciens sont tellement des extra-terrestres…Mais c’est aussi pour cela qu’on les aime…

Néanmoins, improviser veut dire jouer des notes non écrites sur une progression harmonique. Il faut donc à minima savoir jouer dans un saxophone et si possible dans la bonne tonalité pour sonner juste (la plupart du temps) ! Mais si vous lisez cet article c’est certainement votre cas.

Sur mon blog et ma chaîne youtube, j’aborde ce sujet dans différents articles ou vidéos, mais je voulais tout de même vous apporter quelques notions théoriques, quelques pistes de travail pour vous préparer à l’improvisation.

Merci encore à Olivier du site Slow saxo pour cette invitation.

Donc improviser, c’est jouer des notes, jusque là tout le monde suit ?? 😀

Mais quelles notes ?

En général, nous allons utiliser des notes qui proviennent de gammes spécifiques, plus ou moins complexes dont voici un inventaire non exhaustif :

1. Gammes pentatoniques

Je mets ces gammes en premier car elles me semblent être les plus abordables pour les niveaux débutants à intermédiaires. Elles fonctionnent en général avec à peu près tout, ce sont des gammes un peu « magiques ».

Pour faire simple, les gammes pentatoniques sont déduites des différentes gammes majeures. Elles contiennent 5 notes choisies de ces gammes à partir de certains degrés :

2. Gammes blues

Ces gammes sont des variantes des gammes pentatoniques, ajoutant une "note bleue" (b5) pour la gamme blues mineure et un b3 pour la gamme blues majeure. Elles sont essentielles dans le vocabulaire improvisé en blues et dans le jazz fusionné avec le blues.

3. Gammes majeures et mineures

J’aurais pu commencer par ces gammes car toutes les autres gammes d’improvisation de notre système occidental se construisent à partir de ces dernières (notamment les gammes majeures). Mais le choix des pentatoniques ou blues est en général plus judicieux au départ car il y a moins de notes !

  • Gamme majeure : Composée des sept notes constituant nos fameux 7 degrés (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7), elle est utilisée pour improviser sur des accords majeurs. En jazz, elle est souvent utilisée dans des contextes plus modaux ou pour des passages de tonalité stable sur des cadences ii-V-I notamment.
  • Gamme mineure naturelle : Composée des notes (1, 2, 3b, 4, 5, 6b, 7b), elle est utilisée pour improviser sur des accords mineurs dans un contexte classique ou modal.
  • Gamme mineure harmonique : Composée des notes (1, 2, 3b, 4, 5, 6b, 7), elle est utilisée dans des contextes de jazz plus complexes, notamment dans les progressions de type mineur avec des accords de septième ou mineurs harmoniques. Cette gamme va très bien fonctionner sur les progressions 2-5-1 mineurs.

Personnellement j’adore la couleur orientale de cette gamme !

4. Gammes modales

On commence ici à être sur des niveaux plutôt avancés d’improvisation, mais si vous aimez Miles Davis, John Coltrane, Wayne Shorter ou Cannonball Adderley, cette partie va certainement vous intéresser… La musique modale en jazz est une approche où l'harmonie se base davantage sur des modes (gammes dérivées des degrés d'une tonalité) plutôt que sur des accords traditionnels et leurs progressions. Cette approche a marqué un tournant dans l'histoire du jazz dans les années 1950-1960.

Voici les modes les plus utilisés :

  • Mode dorien (mineur) : Utilisé pour improviser sur des accords mineurs. Le dorien est le mode du jazz modal et convient aux progressions d'accords mineurs où il conserve une sonorité mineure mais avec une sixte majeure.
  • Mode mixolydien (dominant) : Utilisé principalement pour improviser sur des accords de septième dominante (comme G7). Ce mode ressemble à la gamme majeure mais avec une septième mineure, ce qui lui donne une couleur de dominant.
  • Mode lydien : Utilisé pour improviser sur des accords majeurs avec une septième majeure, comme dans des contextes de jazz plus modernes. Il possède une quarte augmentée qui lui donne une sonorité unique.
  • Mode phrygien : Utilisé pour improviser sur des accords mineurs ou dans des contextes d'accords dominants secondaires.

Utilisation Pentatonique, gamme blues, mode dorien, gamme mineur harmonique

Maintenant qu'on a dit ça, reste à utiliser ces gammes à bon escient, c'est à dire que les notes jouées doivent idéalement bien sonner dans le contexte global du morceau, même si à certains moments on joue plus ou moins "out". Ceci vient à force de travail et d'expérience. L'oreille peut aider aussi 😉.

Nous pourrions aussi parler des gammes bebop, altérées, ou gamme par ton… mais ces techniques sont encore plus avancées, et sincèrement encore un peu obscures pour moi, donc je ne développerais pas plus. Sachez juste qu’elles existent et fouillez le net si vous voulez en savoir un peu plus 😉.

5. Conclusion

En jazz et en blues, l’improvisation repose sur une variété de gammes qui permettent de naviguer entre des sonorités majeures, mineures, dominantes et modales. Chaque gamme a une fonction particulière en fonction de l'accord ou de la progression harmonique sur laquelle elle est appliquée. Pour maîtriser l'improvisation, il est essentiel de connaître et de pratiquer ces gammes dans différents contextes musicaux, en particulier les gammes pentatoniques, blues, majeures, mineures, modales et bebop.

Donc le mieux : mettez vous un métronome et expérimentez ! Commencez par des grilles simples, typiquement un blues (3 accords), puis passez progressivement à des grilles de jazz plus compliquées. Jouez, trouvez vos phrases et ensuite essayez de les placer sur des accompagnements enregistrés (Backing tracks : notamment sur youtube (gratuit), ou les play-a-longs Aebersold (payant), ou encore l'application iReal Pro (payant) : Google play / App store ) ou pendant vos répétitions et jam sessions entre amis !

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